Toujours dans l’esprit de faire de chaque intervention une opportunité d’échange, le « pourquoi pas moi?! » est, sans y paraitre, top !
Vous avez expliqué votre exercice, tout le monde a compris, vous sentez vos élèves prêts à bondir su la scène pour s’y livrer, vous désignez les participants. Ils entrent sur le plateau, enthousiastes, et bim ! Un élève lance « pourquoi pas moi?! » et là, c’est le faux départ.

Il dérange ce pourquoi pas moi puisque votre mise en place était faite et que l’on sait, en tant que prof’ que c’est déjà un gros travail que d’être clair sur l’exercice que l’on propose. Il dérange et vient nourrir l’espace d’un sentiment désagréable puisque la question suppose une mini injustice à l’égard de cet élève qui se sent légitime d’intervenir et de se manifester ainsi. Il dérange parce que si ce pourquoi pas moi bouscule la mise en place et peut vous remuer un peu, il a la force pour secouer aussi ceux qui ont été désignés, les menaçant dans leur place attribuée, les considérant de manière implicite comme étant ceux qui ont pris la place de l’autre qui aurait pou être choisi; comme étant ceux qu’on ne souhaitent pas nécessairement entendre sur scène.

Il dérange et pourtant il est une superbe opportunité de créer du commun !
Au lieu d’obéir à la réaction primaire qui nous enjoindrait à évacuer rapidement cette déclaration pour donner place à l’exercice ou de faire fi de cette dernière en feignant n’avoir rien entendu, j’invite à faire un pas de recul ! Puisque ce pourquoi pas moi nous stoppe en plein vol, alors arrêtons-nous deux minutes, mais tous ensemble. Nous sommes une équipe, nous faisons un chemin ensemble et ce pourquoi pas moi est comme un enfant qui serait sorti du bus pour nous montrer quelque chose. Si on le laisse sur le côté, nous aurons perdu un élève.  Alors que le faisceau se resserrait sur ceux désignés en scène, faisons un pas en arrière et élargissons volontairement ce dernier en incluant ce questionnement.

Une opportunité oui mais de quoi ?

De rappeler l’organisation posée.  » Tu t’interroges sur l’organisation ? Je désigne au hasard ou selon ma pédagogie des comédiens qui font l’exerciceet ensuite ce sera le tour de ceux qui ne sont pas encore passés »

Pour avoir un petit feedback, vous pouvez ajouter : « Tu avais besoin de clarification de l’organisation ? Est-ce plus clair maintenant ? »

De célébrer l’energie créée par l’exercice ! Ce pourquoi pas moi révèle une envie furieuse de passer sur scène ! On peut le noter et s’en réjouir. « Tu sembles être excité à l’idée de faire l’exercice, je m’en réjouis, je te demande de faire preuve de patience, ton tour va arriver, pour le moment profitons du tour des autres ».