En questionnant l’humain et ses limites, Maupassant n’évoque-t’il pas implicitement le désir transhumaniste de dépasser notre fragilité biologique ?

 

Avant tout, c’est quoi le transhumanisme ?
Cliquez pour entendre la définition du Transhumanisme par Antoine Viseur, Membre de l’Association Française Transhumaniste, interviewé par Guillaume Loublier dans le cadre de son programme vidéo Tolérance Augmentée (à découvrir ici! en 10 vidéos, Guillaume Loublier vous parle de transhumanisme)

Dans le Horla, le corps humain est considéré comme limité et limitant. On parle de cet « invisible » qui est plein « d’inconnaissables puissances » que l’humain ne peut sonder à défaut d’un équipement biologique permettant d’y avoir accès. Nos sens sont dits « misérables« . L’humain est dit doté d’une machine « imparfaite » et « délicate » (entendre fragile). Citons la description de notre corps par le protagoniste : « notre corps si faible, si maladroitement conçu, encombré d’organes toujours fatigués, toujours forcés comme des ressorts trop complexes, notre corps qui vit comme une plante, comme une bête en se nourrissant péniblement d’air, d’herbe et de viande, machine animale en proie aux maladies, aux déformations, aux putréfactions, poussive, mal réglée, naïve et bizarre, ingénieusement mal faite, oeuvre grossière et délicate, ébauche d’être qui pourrait devenir intelligent et superbe ».
La fièvre et les malaises du protagonistes sont des éléments qui perturbent le cours paisible de son existence. Toute son attention est portée sur ce qu’il ressent, éprouve, vit dans sa chair et un lien est affirmé entre sa disposition physiologique et son état psychique  » je me sens souffrant, ou plutôt je me sens triste« . Il y a un pont entre le physiologique et le psychique, le corps et l’esprit sont intimement liés. Ce corps est vécu comme un véhicule qui condamne l’humain à souffrir, vieillir et mourir ; il est le lieu des douleurs et des instabilités et ne nous permet d’avoir de la réalité qu’une expérience limitée du fait de ne pouvoir l’appréhender qu’aux moyens des sens, packaging biologique limitant : « avec nos yeux qui ne peuvent apercevoir ni le trop petit, ni le trop grand (…) avec nos oreilles qui nous trompent car elles transmettent les vibrations de l’air en notes sonores (…) avec notre odorat plus faible que celui d’un chien (…) avec notre gout qui peut à peine discerner l’âge d’un vin » et de conclure « si nous avions d’autres organes qui accompliraient en notre faveur d’autres miracles, que de choses nous pourrions découvrir encore autour de nous ». Cette dernière phrase ne porte-t-elle pas l’aspiration essentielle des transhumanistes qui voient dans les progrès NBIC l’espoir concret de dépasser les limites humaines afin d’accéder à une expérience nouvelle et inédite de notre réalité ?